Le sujet du dopage dans le monde du rugby refait surface. Ce jeudi Pierre Ballester, journaliste connu pour son livre L.A. Confidential (sur le système de dopage de Lance Armstrong) dénonce des pratiques de dopage dans le rugby. Rugby à charges (éditions La Martinière) a suscité de nombreuses réactions dans le monde du rugby français. A Montpellier, une entreprise propose son aide et ses services aux hautes instances du rugby français (FFR, LNR, Provale) afin d’éviter tous risques de dopage. Dorian Martinez est le fondateur et CEO de Sport Protect, il a dirigé le numéro vert Ecoute Dopage pendant 12 ans et est psychologue spécialisé dans le monde du sport. Interview.
Capture écran Sport Protect – DR
Mlactu : Cela vous étonne que encore en 2015 on parle d’affaires de dopage ?
Dorian Martinez : Cela ne m’étonne pas. Depuis 1998, je travaille quotidiennement sur le dopage. Je reçois quasiment tous les jours des appels ou emails de sportifs. Ensuite il y a, je pense, un traitement médiatique cyclique des affaires de dopages. Un focus particulier sur le dopage est fait suivant des événements : en cyclisme, avant le Tour de France, aujourd’hui dans le rugby pendant le tournoi des 6 Nations. Je pense que ceux qui souhaitent révéler des affaires utilisent une stratégie pour avoir plus d’écho pendant ces événements. Mais le dopage n’est pas seulement présent à ce moment-là.
Mlactu : Aujourd’hui on parle beaucoup du rugby. Selon vous, quel est le sport le plus touché par le dopage ?
Dorian Martinez : Tous les sports sont concernés. Par la réglementation contre le dopage mais aussi par les pratiques. Soit les pratiques interdites, c’est-à-dire des sportifs qui commentent une infraction par rapport à la législation. Soit les infractions involontaires pour ceux qui prennent des médicaments ou des compléments alimentaires contaminés. Je n’aime pas faire un palmarès des sports les plus touchés. Il y a des problématiques différentes pour chaque sport. Dans le cyclisme par exemple au-delà même du dopage, il y a une culture du médicament. Pas chez tout le monde mais les cyclistes ont tendance à aller chercher des médicaments par rapport à la performance, c’est ancré dans ce sport. Dans le rugby, il y a plutôt une recherche de prise de masse musculaire, avec par exemple des compléments alimentaires (qui ne sont pas forcément du dopage). Mais ces compléments alimentaires sont la problématique n°1 des joueurs de rugby, puisque certains lots de compléments alimentaires, certaines marques sont contaminées par des substances interdites. Chez les tireurs à l’arc, la problématique peut être sur les bêtabloquants qui améliorent la précision du tir…
Mlactu : On parle moins de dopage dans le football non ?
Dorian Martinez : Alors pour moi le foot, est un des derniers de la classe en termes de prévention et de prise en charge du dopage. Le foot est un petit peu comme le cyclisme avant l’affaire Festina. Je ne dis pas qu’il y a un problème colossal, mais il y a une problématique de dopage comme dans tous les sports. Et se mettre des œillères et ne pas l’aborder, à mon avis c’est une erreur. En laissant faire, cela présage des affaires qui risquent d’arriver et des amalgames qui peuvent se creuser. Depuis quelques jours une affaire éclate dans le football allemand, sur le dopage présumé de plusieurs équipes entre les années 70 et 80, cela touche jusqu’au sélectionneur allemand Joachim Löw. En France pour le moment on en parle peu, aujourd’hui effectivement les projecteurs sont braqués sur le livre de Pierre Ballester qui sort aujourd’hui.
Dorian Martinez : Nous sommes une entreprise innovante, basé à Montpellier et spécialisée dans la question du dopage. Notre mission est de rendre le débat plus clair et de protéger les sportifs du risque de dopage par inadvertance. Le risque pour les sportifs est de prendre un médicament, ne sachant pas qu’il possède un élément contaminant et de se retrouver contrôlé positif. Cela arrive très régulièrement. L’autre risque est aussi de prendre un complément alimentaire non conforme à la législation anti-dopage. Notre dispositif classe tous ces éléments dans une base de données mise à jour tous les mois. La Fédération de rugby à XIII l’a adopté et protège 100% de ses licenciés. Le sportif peut voir quelle est la limite entre ce qui est dopant et ce qui ne l’est pas. Et il n’a plus d’excuse en cas de contrôle positif car il aura été clairement informé. Suite à cette affaire de dopage nous proposons à la Fédé, à la LNR de s’équiper en moins de huit jours. Car si on lit bien le rapport de l’Agence Française de lutte contre le dopage au Sénat, on s’aperçoit qu’en grande partie il s’agit d’un dopage par inadvertance, donc des cas évitables.
Mlactu : Vous pensez que les accusations de dopage envers le rugby vont encore nuire à ce sport ?
Dorian Martinez : Le danger qui guette le rugby aujourd’hui est d’avoir un sportif actuel du Top 14 ou de Pro D2 qui se retrouve dopé sans le savoir. Le grand public et les médias ne feront pas le distinguo et se diront : “Oui. Pierre Ballester a raison dans son bouquin, dans le rugby, ils sont tous dopés”. C’est ça le plus grand risque.
Dorian Martinez, fondateur et CEO Sport Protect – DR
Sport Protect a été créé par Dorian Martinez en 2005, réalise aujourd’hui 100 mille euros de chiffre d’affaires et représente une équipe de quatre personnes. Aujourd’hui, par exemple le dispositif Sport Protect a équipé le staff médical du MHR (Montpellier Hérault Rugby), l’équipe cycliste de la Française des Jeux… Le CEO Dorian Martinez souhaite poursuivre son développement notamment à l’international en travaillant avec l’Unesco (qui a rédigé la Convention internationale contre le dopage dans le sport).
Cet article : Dopage dans le rugby : des solutions à Montpellier a été écrit par Mlactu - Foot, Sport, Montpellier, Marseille, MHSC, OM, Info, Actu.