MHSC : Bérigaud enfin

Bérigaud-Kévin-buteur-contre-ETG crédit photo Nicolas Guyonnet

Muet depuis le début de la saison avec la Montpellier Hérault,  Kévin Bérigaud a ouvert son compteur buts hier soir face à son ancien club Evain-Thonon-Gaillard.  Les hommes de Louis Nicollin se sont imposés 2-0 grâce à un ultime but de Mounier en toute fin de match. Bérigaud a marqué, et après ?

Un joueur qui marque contre son ancien club, quoi de plus banal me direz-vous et vous avez raison, les exemples du « renégat » qui crucifie son ancien blason se comptent chaque saison par dizaines tant l’aspect psychologique compte dans ce genre d’affaire. Un joueur qui rencontre ses anciens coéquipiers, anciens copains quelques mois après avoir été à leurs côtés dans les vestiaires, dans les matches galères ou heureux a toujours un temps d’avance sur le défenseur ou le gardien, allez savoir pourquoi parce que la réciproque, en toute logique, devrait être identique. Mais ce n’est pas le cas, sûrement parce que le joueur qui est passé d’un camp à l’autre se doit, inconsciemment, de justifier simultanément à ses nouvelles couleurs et à ses anciens coéquipiers, staffs, dirigeants, sa nouvelle place. Les « oranges et bleus » je vous montre que vous avez bien fait de compter sur moi et « les roses » je vous montre que mon départ n’était pas une erreur et que je m’épanouis aussi bien ailleurs. Donc hier soir on pouvait, sans problème, parier quelques euros que Bérigaud marquerait car il savait pertinemment que son départ de Haute-Savoie, là où il a été formé puis confirmé (6 saisons) avait été plus ou moins bien accepté dans un club qui se bat pour rester en Ligue 1, les déclarations d’après-match de l’entraîneur de l’ETG Pascal Dupraz confirment d’ailleurs le ressenti : « Bérigaud a marqué… Je m’en fous ! »

En ce qui concerne Kévin Bérigaud, on aurait pu imaginer une joie plus démonstrative pour un garçon qui, avant le match, avait des statistiques faméliques, pas de but, une poignée de tirs au but dont 4 cadrés, c’est nettement insuffisant pour une des deux pointes de l’attaque montpelliéraine : « tout le monde est soulagé pour moi, tant mieux mais moi je n’étais pas si inquiet que ça, je savais que ça allait arriver, c’était ce soir tant mieux (…) Oui y’a du soulagement c’est positif. » Avant le match Rolland Courbis nous avait confirmé qu’il alignerait encore la paire offensive la plus inoffensive du championnat, Barrios-Bérigaud, l’un a marqué, pas l’autre, alors Kévin Bérigaud est-ce que cela change quelque chose à votre association ce but, ce match ? : « Il nous fallait un temps d’adaptation à tous les deux car on arrive dans ce club, lui aussi commence à trouver ses marques, c’est vrai que si ce soir ça c’est plutôt bien passé (l’association) les matches d’avant ça c’était quand même pas ça, on le savait, on essaye de travailler à l’entraînement chaque semaine, de se trouver mais aussi avec Antho (Mounier) à gauche et Morgan (Sanson) un peu plus à droite, si on continue comme ça, ça ira de mieux en mieux, je commence à trouver mes marques. »

Bien, un but et une victoire ne sauraient cependant effacer un premier tiers de saison nettement insuffisants pour une paire offensive que Rolland Courbis, en entraîneur expérimenté et avisé, confirme car il sait pertinemment que le vent peut tourner très vite à la pointe d’une attaque, et quand Bérigaud marque, ce n’est pas un joueur qui marque mais bel et bien une animation offensive qui réussit, sans Tiéné qui centre, sans Barrios qui mobilise un voire deux défenseurs, sans Mounier qui fait une fausse piste… Bérigaud aurait pu encore attendre bien longtemps avant de voir les flets trembler cette saison, ce qui doit quand même lui faire du bien non Rolland Courbis ? « Oui mais à nous aussi, croyez-moi, même si un joueur d’Evian avait marqué contre son camp on prenait, on l’aurait pas fait annuler t’inquiète pas ! On le constate de plus en plus chaque saison, le métier d’attaquant est très difficile alors comprenez mon indulgence pour Bérigaud et pour Barrios, je continuerais à l’avoir, après 12 journées c’est moyen mais on fera la point plus précis un peu plus tard, en décembre puis en mai, pour le moment nous avons 17 points en 12 journées…Il y a mieux, mais il y a pire. »